Bonjour et bienvenue, 

Vous écoutez la rubrique Au secours je ne suis pas écolo de Basilic ! Chaque mois nous décryptons ensemble un thème à la recherche d’initiatives positives et écolos nous permettant de repenser le monde de demain.

Ce mois-ci nous nous intéresserons aux obsèques, j’aurais peut-être dû choisir un sujet plus heureux pour débuter l’année mais cela fait plusieurs mois que j’ai envie d’aborder le sujet. Comme vous le savez sûrement, dans ce podcast, nous cherchons à comprendre comment l’écologie est intrinsèquement liée à notre quotidien. L’idée est donc de décrypter l’impact de chacun de nos gestes sur l’environnement.

Les sépultures font partie de ces domaines où il existe des alternatives plus écologiques parfois méconnues notamment parce que la mort reste un sujet tabou dans notre société. Je me suis plongée dans les études menées ces dernières années sur le sujet pour vous dresser un état des lieux de la situation en France mais également en Europe. Bien évidemment sachez que je respecte les croyances et les volontés de chacunes et chacun, j’avais simplement envie de mettre en lumière les différentes possibilités qui s’offrent aujourd’hui à nous. C’est parti ! 

Comme toujours, je vous propose de débuter cet épisode avec quelques chiffres qui permettent de mieux comprendre les enjeux du sujet abordé. 

Quel est l’impact écologique d’un enterrement ? La crémation est-elle plus écologique que l’inhumation ? Telles sont les deux questions que je me suis posées en entamant mes recherches. 

En 2017, la Fondation Services Funéraires de la Ville de Paris (SFVP) a lancé une étude avec la start-up Verteego afin de mesurer l’empreinte environnementale des rites funéraires. Cette étude est la première à avoir été réalisée que ce soit à l’échelle nationale ou internationale ! 

Pour mener à bien ce travail de recherches, l’ensemble du cycle de vie du service, de la prise en charge du corps jusqu’à sa décomposition, a été pris en compte. Les matières premières, la consommation d’énergie, les déchets générés mais également la logistique ont été passés au crible.

Il ressort de cette étude que l’inhumation est 3,6 fois plus polluante que la crémation. Ce chiffre peut paraître surprenant. Pour le comprendre, il est primordial de s’intéresser aux éléments qui ont été pris en compte lors de cette étude. Les grandes étapes de l’inhumation sont la composition et conception du cercueil, le transport après la mise en bière du corps du défunt, la destination de l’inhumation qui peut être faite dans un caveau, en pleine terre ou dans un monument, la gestion du cimetière et l’entretien des espaces verts et enfin, au bout de 30 ans, la fin de la concession. Il ressort de cette étude que le lieu de sépulture est le premier poste représentant à lui seul 88% des impacts d’une inhumation. Cela signifie que le mode de sépulture choisi sera déterminant sur l’impact écologique de l’inhumation. 

Si vous optez pour un cercueil en bois exotique (ayant bien souvent été importé d’Asie du Sud Est et dont l’empreinte carbone est forte) et la construction d’un caveau en béton, alors l’inhumation sera 5 fois plus importante que la crémation. 

En revanche, une inhumation en pleine terre avec un cercueil en carton aura un impact écologique légèrement inférieur à celui d’une crémation. 

Concernant la crémation, comme vous l’imaginez, l’utilisation de gaz représente bien évidemment le plus grand poste d’émission de Gaz à effet de serre puisque la quantité moyenne de gaz utilisé pour une crémation est de 42 m3. Viennent ensuite les infrastructures à savoir le crématorium puis le cercueil et enfin l’urne cinéraire et sa destination.

Cette étude, unique en son genre, nous donne des clés et des pistes de réflexion pour faire des choix en parfaite adéquation avec nos valeurs. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet et découvrir d’autres chiffres, je vous invite à la consulter en vous rendant dans la barre de description de l’épisode ! Passons maintenant aux solutions qui s’offrent à nous ! 

Que l’on choisisse l’inhumation ou la crémation, le choix d’un cercueil reste une étape obligatoire. Plusieurs alternatives au cercueil en bois exotiques sont aujourd’hui disponibles. Il faut savoir qu’en France, jusqu’en 2008, seuls les cercueils en bois étaient autorisés.

Aujourd’hui, grâce à cette nouvelle législation, il est possible d’opter pour un cercueil en carton tel que ceux proposés par l’entreprise Advitam qui sont composés de carton recyclé et collé grâce à une colle naturelle de maïs et de pomme de terre. Si légalement les crématoriums sont tenus d’accepter tout type de cercueil, beaucoup rechignent à le faire. 

Si vous souhaitez opter pour un cercueil en bois, veillez à choisir un bois issu de forêts françaises écogérées, certifiées PEFC. Pour limiter au maximum l’empreinte écologique, il est préférable d’éviter les vernis et d’opter pour des poignées en corde plutôt qu’en métal !

Aujourd’hui en France, il n’est pas rare de faire appel à un thanatopracteur ou une thanatopractrice pour  préserver le corps du défunt décomposition naturelle et de le présenter avec l’apparence de la vie pour les funérailles. Cette pratique très répandue s’avère très polluante puisque les soins réalisés nécessitent d’injecter des litres de formol dans la dépouille. Or, ces substances sont très polluantes pour les sols, elles peuvent s’infiltrer jusque dans les nappes phréatiques ! Sachez que ces pratiques ne sont pas obligatoires et que vous pouvez simplement choisir une toilette mortuaire qui consistera à nettoyer et habiller le défunt. 

Comme je vous l’expliquais en début d’épisode, l’entretien des cimetières et notamment l’utilisation de pesticides alourdissent très nettement l’empreinte écologique de la crémation mais des alternatives existent ! Le cimetière écologique de Niort, créé en 2014, est un exemple à l’échelle nationale ! Dans ce cimetière, les tombes ne sont pas bétonnées, les monuments ne sont pas en marbre ou granit, les urnes et les cercueils doivent être biodégradables de même que les vêtements du défunt qui doivent être en fibres naturelles. Le cimetière s’apparente davantage à un jardin fleuri ou un paysage champêtre. Ces cimetières écologiques se multiplient en France, en région parisienne, une partie du cimetière d’Ivry sur Seine est réservée à ces tombes plus simples, plus naturelles. L’absence de pesticides n’est plus uniquement réservée à ces cimetières écologiques puisqu’une loi de 2017 oblige les municipalités à ne plus utiliser aucun pesticides pour l’entretien des cimetières ! Une bonne nouvelle pour la planète !

Des urnes écologiques existent, certaines proposent un système très simple où une graine est plantée au-dessus des cendres pour venir s’y enraciner. Elle peut ensuite être inhumée en pleine terre pour pousser naturellement et offrir un lieu de recueillement pour les proches du défunt. La loi actuelle ne permet d’inhumer ce type d’urne que dans une propriété privée, ce qui implique de nombreuses contraintes. Un projet alternatif a été pensé par une entreprise italienne où ce n’est pas les cendres du défunt qui sont transformées en arbre mais son corps entier, placé dans une capsule biodégradable. Cette pratique est actuellement interdite en France.

Aujourd’hui en France il n’existe pas d’autres alternatives à la crémation ou l’inhumation. Aux États-Unis, la liquéfaction du corps dans des produits chimiques ou l’humusation sont des procédés autorisés. L’humusation transforme le corps humain en compost suite à l’utilisation de micro-organismes. Le corps est placé sur un lit de copeaux de bois ou de sciure dans un lieu ventilé et arrosé d’une solution aqueuse sucrée pour que se produise la fermentation, base du compostage. Ce procédé est actuellement en cours d’expérimentation en Belgique. 

Au-delà des obsèques, il est important de veiller à résilier abonnement, adresse email et réseaux sociaux des défunts afin de réduire au maximum leur empreinte numérique. Vous pouvez demander aux prestataires de funérailles de s’en charger. 

J’espère que cet épisode vous aura donné des pistes de réflexions pour laisser un héritage vert à notre belle planète.